La couleur bleue dans la peinture aborigène.

Publié le par Wanampi

Le bleu dans les toiles aborigènes peut sembler artificiel à certains car ne reflétant pas les tons de terre que devrait revêtir cet art ancestral. Il est vrai que dans le cœur rouge de l'Australie, la peinture traditionnelle accompagnant les rituels est faite avec des terres naturelles, un camaïeu de bruns, jaunes, orangés allant jusqu'à l'ocre rouge, souligné par le blanc du kaolin  et le noir du charbon de bois ou de la lignite, le tout mêlé à des graisses. C'est encore ainsi aujourd'hui que l'on peint les corps, les objets rituels, en vue des cérémonies.

Dans la peinture sur toile, seules les tribus du Kimberley et de la Terre d'Arnhem utilisent encore ces matières naturelles. Par contre, les peuples du désert les ont délaissées pour user résolument de l'acrylique qui offre une palette vive et diversifiée, d'une bien meilleure souplesse et finesse d'utilisation que la terre. L'éclat et l'intensité des couleurs acryliques viennent renforcer la vibration pointilliste. L'une et l'autre sont au service de l'expression de la sacralité des thèmes peints et de la transcendance que met l'artiste dans l'acte de peindre.

Au temps des terres naturelles, le bleu n'était cependant pas complètement absent, mais obtenu avec un gris qui, par contraste avec les orangés, apparaissait bleuté (photo de gauche : ocres naturelles du Kimberley).

Toutefois, même avec l'acrylique, le bleu est resté rare pendant longtemps. Sans doute les peintres étaient-ils influencés par leurs pratiques traditionnelles et par l'environnement désertique où la terre et les rochers rouges sont omniprésents. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, les peintres aborigènes ont si bien pris possession de l'acrylique qu'ils n'hésitent plus à envahir l'espace de la toile de turquoise, d'outremer, de lavande, d'indigo, de vert, qui apparaissent alors comme un repos des yeux, un répit, une oasis, une promesse d'eau, de fraîcheur, et de renouveau de la nature.

 

Publié dans ART D'AUSTRALIE

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