Ningura Napurrula : une toile somptueuse pour célébrer la fécondité du monde
Ningura Napurrula peint "WIRRULNGA", un site associé à la naissance
Ningura Napurrula, née en 1938 au coeur du désert de l'ouest, n'a connu la société occidentale qu'à la fin des années 60. Avec son mari, Yala Yala Gibbs Tjungurrayi, elle rejoignit le camp de sédentarisation de Papunya, là où allait naître quelques années plus tard, le mouvement de la peinture contemporaine du désert. Yala Yala fut un des fondateurs du mouvement, Ningura à cette époque ne fit que l'assister. Tous deux, comme de nombreux Pintupis, quittèrent l'exil de Papunya en 1980 pour rejoindre leur territoire ancestral que la nouvelle politique australienne venait de leur restituer. Là, la communauté Pintupi connut un regain de spiritualité et de créativité.
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Ningura commença à peindre pour son propre compte en 1994 au cours d'un regroupement organisé par les femmes Pintupis les plus âgées. Là, isolées dans le bush, loin des hommes et du reste de la communauté, elles donnèrent un ensemble important de cérémonies relatant les récits associés aux femmes mythiques du Temps du Rêve, les Kungas Runkalpas, leurs ancêtres. Elles réaffirmèrent ainsi l'importance de la femme dans la culture aborigène. Ce rôle avait été sérieusement sous-estimé par les occidentaux qui, jugeant la spiritualité féminine accessoire, ne pensaient pas qu'elle pouvait nourrir une créativité artistique à l'égal des hommes, conséquence de quoi, les matériaux avaient été fournis aux hommes et le marché naissant de la peinture ne s'intéressait qu'à eux. Tout changea à cette époque, et c'est d'ailleurs là qu'eut lieu la première exposition de peinture féminine (Minyma tjukurpa).
Ningura se mit à travailler régulièrement créant des oeuvres fortes qui contribuèrent à revitaliser la peinture de la communauté touchée par la disparition progressive des membres du groupe fondateur.
Les compositions de Ningura sont dynamiques, intrication de réserves et d'espaces remplis par pointillisme, les motifs ancestraux apparaissent sur un fond dense, monochrome, le plus souvent de ce rouge qui renvoie à la terre, à l'énergie et au sang. Les thèmes sont ancrés dans les activités et rituels sacrés du « business women » et reflètent une vision plus douce, plus organique que la peinture masculine qui les avait précédés.
Les activités des femmes du désert y sont évoquées : collecte de nourriture sauvage, danses, chants, maternité et renvoient tout à la fois aux grandes ancêtres qui les ont créées, signalées par le symbole « wana » (bâton entouré de 2 U) et aux femmes qui les perpétuent aujourd'hui. Les grandes formes arrondies souvent présentes dans les toiles disent la fonction maternelle mais aussi que la terre est toujours en gestation.
Ainsi les toiles de Ningura fusionnent-elles passé et présent nous reliant aux origines.
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Ningura a été l'une 8 artistes aborigènes sélectionnés pour décorer les plafonds du Musée Branly. Cette aventure l'a propulsée au plus haut du marché de l'art australien, notamment en France, révélant à sa suite d'autres artistes Pintupis tout aussi fascinants.Son record de vente est de 113.018 dollars australiens, pour une oeuvre vendue aux enchères à Paris à l'époque de l'ouverture du Musée Branly.
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