Ronnie Tjampijinpa, le « roi de l'Ouest », est décédé.
C’est une grande figure de l’art aborigène du désert qui vient de disparaître. Il était l’un des derniers acteurs de la création du mouvement contemporain de la peinture aborigène. Ronnie Tjampijinpa appartenait à cette génération fascinante qui avait grandi dans le désert sans connaître l’existence de la civilisation occidentale. Il était né vers 1943 et n’avait rencontré les hommes Blancs que vers sa treizième année. Il racontait sa frayeur, alors, et comment il les avait pris pour des démons et avait refusé les boites de cornbeaf qu’on lui proposait, certain qu’il s’agissait de chair humaine.
C’est une patrouille de l’Indigenous welfare qui décrit son groupe pour la première fois en 1956. Suite à cette rencontre, il continuera quelque temps sa vie dans le bush puis rejoindra la communauté de Yuendumu et enfin, celle de Papunya, là où devait éclore le mouvement artistique en 1971.
Il devait jouer un rôle politique important, encourageant les Pintupi à rejoindre le territoire ancestral dès que cela fut possible. Ainsi furent créées la communautés de Kintore et de Kiwirkurra. Son influence artistique fut considérable parmi les artistes pintupi, un art qualifié de « cérébral » qui frappe par sa force et son sens de la géométrie et de l’espace.
Son travail figure dans tous les musées australiens et les grandes collections d’art aborigène du monde entier. Le musée du quai Branly possède plusieurs de ses œuvres.
Il y a quelques années, Ronnie avait eu à utiliser les connaissance acquises dans l’enfance. La voiture dans laquelle il voyageait tomba en panne dans le désert, loin de tout. Ses compagnons moururent. Lui ne dut son salut qu’au souvenir des chants itinéraires qu’il avait appris lors de son initiation. Il trouva de l’eau et fut sauvé. C’est depuis cet évènement qu’il avait cessé de peindre.
Ronnie nous laisse cependant un héritier talentueux, Walter Brown Jangala, le fils de son épouse, Mary Brown, considéré comme son propre fils dans la voie aborigène. Comme pour son père, le dreaming (répertoire de mythes) de Walter englobe les cérémonies sacrées des hommes de sa communauté de Kintore. Ceux-ci incluent Tingari, Fire Dreaming et Spear Dreaming.
Le motif Spear Dreaming de Walter lui a été enseignée par son père, connu pour l’avoir peint de nombreuses fois. L'histoire raconte le passage des lances de chasse et de cérémonie dans le feu, une tradition à la fois pratique et symbolique perpétuée par certains hommes de la communauté de Walter. Cette cérémonie est traditionnellement fermée, seuls les hommes de Kintore sont autorisés à y assister.
Le motif labyrinthique de ce Tingari, évoque les péragrination d'un peuple ancestral dans la région des lac salés du territoire pintupi.