Rêves en colère de Barbara Glowczewski

Publié le par Wanampi

Rêves en colère de Barbara Glowczewski

Rêves en colère fait suite au pécédent ouvrage de Barbara Glowczewski "Les rêveurs du désert", mais contrairement à celui-ci, il n'est pas exclusivement centré sur le Warlipis. L'auteur nous emmène à travers l'Australie noire chez les Yawurus et les Ngariyins du Kimberley, et les Yolngus de la Terre d'Arnhem. On retrouve la même intimité avec des familles, avec des anciens, qui confient à l'auteur leur manière de concevoir le monde et les histoires mythifiées qui pèsent sur leur présent.

   L'ouvrage est nourri de la colère des peuples aborigènes pour qui l'histoire récente est pleine de bouleversements et de drames. A travers leurs confidences, nous découvrons les blessures de la colonisation, les contraintes imposées par les missions, l'exploitation par l'industrie perlière, la confiscation des terres, les persécutions par les éleveurs blancs du Kimberley, l'acculturation provoquée par les déplacements de population, les générations volées...

    Et, en dépit de tout cela, ou à cause, se manifeste une immense capacité de résilience. Ferme sur ses valeurs fondamentales, la société aborigène est capable de s'adapter sans se renier au monde imposé des Blancs, c'est le concept de "double voie".

    Il est passionnant de voir comment un culte, véritable psychodrame, nait sur la côte ouest en réparation d'un des nombreux traumatismes collectifs, se développe, puis comment son action "thérapeutique" se répand à travers l'Australie à d'autres tribus tribus malmenées.

   La naissance du mouvement des peintres de l'ocre est aussi un exemple magnifique de renaissance par l'art: la représentation des exactions à l'aide des ocres traditionnelles fut une action commandée par rêves par une Ancienne défunte à un garçon vacher! Elle a été profondément réparatrice pour les Kidjas du Kimberley, a permis de dire l'indicible et, en prime, de déboucher sur un mouvement artistique très dynamique.

  Autre sujet d'étonnement: il y eut dans le nord de l'Australie un contact - peut-être le seul - entre les Aborigènes et un peuple de "l'extérieur": des pêcheurs venus du détroit de Macassar qui pêchèrent et installèrent des comptoirs pendant plusieurs siècles sur les côtes nord. Cette cohabitation fut respectueuse et sans violence. Le souvenir de ces visiteurs amicaux persiste dans de nombreux mythes du nord de l'Australie.

    Il faut dire que ceux-là n'étaient pas des Européens imbus de leur supériorité de race et avides par nature mais de simples pêcheurs indonésiens..

    Ce livre est dense, d'un abord pas toujours facile, lisez-le à petites doses et méditez sur ce que vous y aurez découvert, tout se mettra en place comme un puzzle et vous apprendrez beaucoup.

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