Uluru libéré des touristes, ça se fête en musique rock !

Publié le par Wanampi

 Aujourd'hui 26 octobre a pris effet une décision qui date de deux ans : on ne pourra plus escalader Ayers Rock (Uluru) le rocher sacré des Aborigènes. L'évènement a été fêté avec beaucoup de ferveur et aussi de modernité :

Les habitants du désert, enfin exaucés vendredi après la fermeture définitive de la piste d'escalade, ont rendu hommage à Uluru au coucher du soleil et ont dansé toute la nuit.

ULURU : Puli Kunpungka, le grand roc, encore plus fort maintenant ! 

A Uluru les sept sœurs, pour échapper à leur poursuivant, s'élevèrent dans le ciel de nuit et devinrent la constellation des Pléiades.

Seven sisters dreaming, peinture aborigène
Seven sisters dreaming par Juliane Wade, 150x100 cm

Et la chorale des femmes indigènes d'Australie centrale a demandé la protection d'Uluru.

La déclaration d’Uluru (venue du « cœur de la nation »), émouvante et revendicative, a été proclamée à cette occasion (Mais elle est pour l'instant rejetée par le gouvernement fédéral). 

Rédigée après trois jours d’un sommet extraordinaire qui a réuni, en mai dernier à Uluru, 300 Aborigènes et représentants des Iles du Détroit de Torres, ainsi que de nombreux experts juridiques, elle faisait suite à un an de consultations. L’événement a été organisé sous la houlette du « Conseil pour la Reconnaissance » mis en place par le gouvernement pour développer un modèle de constitution qui soit soutenu par les Premières Nations. (Valentine Sabouraud, Le Courrier Australien, 31.10.2017)

La "déclaration", traduction Martine Brown, mars 2019

En tant que Tribus Aborigènes et des Îles du Détroit de Torres, rassemblées sous le ciel de l’hémisphère Sud, venues de tous les horizons pour la Convention Constitutionnelle Nationale 2017, nous déclarons :

Nous sommes les Nations Premières souveraines du continent australien et de ses îles côtières, et en sommes les détenteurs sous l’autorité de nos lois et coutumes transmises par nos Grands ancêtres du Temps de la Création. Nous sommes héritiers de cette terre selon notre culture, notre Loi commune des temps immémoriaux - selon les connaissances scientifiques, remontant à plus de 60 000 ans.

Cette souveraineté est une notion spirituelle : le lien ancestral existant entre la terre ou « mère nature » et les peuples natifs, Peuples Aborigènes et insulaires du Détroit de Torres. Ce lien demeure pour toujours - nos esprits devront un jour revenir sur nos lieux de naissance pour être unis à nos Ancêtres. Ce lien est à la base de la propriété du sol, ou mieux, de notre souveraineté. Nous n’avons jamais cédé cette souveraineté, elle n’a jamais été anéantie, et coexiste avec celle de la Couronne.

Comment pourrait-il en être autrement ? Que des peuples possèdent une terre pendant soixante mille ans et que ce lien sacré disparaisse de l'histoire du monde en seulement deux siècles !

Avec un changement constitutionnel important et une réforme structurelle, nous concevons que cette souveraineté ancienne puisse retrouver un éclat, telle une expression plus complète de la Nation australienne.

Proportionnellement, nous sommes les personnes les plus incarcérées de la planète. Nous ne sommes pas par nature des criminels. Nos enfants sont séparés de leurs familles à un taux sans précédent. Ce n’est pas parce que nous ne les aimons pas ! Et notre jeunesse dépérit en détention en nombre scandaleux alors qu’elle devrait être notre espoir pour l’avenir.

L’étendue de notre crise fait sentir clairement la nature structurelle de notre problème. Notre impuissance nous tourmente.

Nous demandons des réformes constitutionnelles conférant un pouvoir à notre peuple et la place qui nous est due dans notre propre pays. Quand nous pourrons gérer notre destinée, nos enfants s’épanouiront. Ils marcheront dans deux mondes et leur culture sera un cadeau pour leur pays.

Nous réclamons l’instauration d’une Voix des Peuples Premiers inscrite dans la Constitution.

Makarrata, réunion après un combat, est le point culminant de notre agenda. Makarrata englobe nos aspirations pour créer une relation juste et vraie avec les peuples d’Australie et un avenir meilleur pour nos enfants, fondé sur la justice et l’autodétermination.

Nous demandons une Commission Makarrata pour superviser un processus établissant des accords entre les gouvernements et les Peuples Premiers, et révéler la vérité sur notre Histoire commune.

En 1967, nous étions pris en compte ; en 2017, nous cherchons à être entendus. Nous quittons ce camp de base à Uluru et commençons notre voyage à travers ce vaste pays. Nous vous invitons à marcher avec nous dans un mouvement en faveur des peuples australiens pour un avenir meilleur. May 2017.

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