Aborigènes : Et voilà pourquoi ils peignent...

Publié le par Wanampi

Aborigènes : Et voilà pourquoi ils peignent...

La peinture aborigène contemporaine est, on le sait, l'héritière d'un art pictural rituel. Cette peinture vieille comme l'humanité se fait sur les corps, le sol, les rochers, et n'est pas destinée à passer à la postérité. Sa fonction est de rendre visible l'invisible, de présentifier" les esprits ancestraux. Elle fait partie d'ensembles cérémoniels complexes qui comportent de nombreux chants, danses et scènes théâtralisées... On rejoue les mythes créateurs.

A quelle nécessité cela répond-il?

Le "Dreaming" ou Temps mythique de la création, met en scène des personnage surnaturels, géants ancestraux qui sont des forces vives. Ils sont pourvoyeurs de l'énergie native, mais ces "ancêtres" n'ont pas encore inventé la loi de vie en société. Ils vivent donc au gré de leurs pulsions, se volant, s'agressant, s'entredévorant sans état d'âme. Cet univers violent et chaotique, réservoir d'énergie indifférenciée où les éléments ( étoiles, roches, pluie, vents, animaux, ancêtres, plantes...) mutent sans cesse, s'organisera pour devenir le monde que nous connaissons. Pour cela la Loi, interdits et obligations, est donnée aux Hommes. Depuis, les "forces ancestrales" dorment dans la terre. Mais pas question  de les oublier, sinon, leur force vitale pourrait déserter le monde. 

Or pour les Aborigènes (et sans doute pour nous aussi, même si nous voulons l'ignorer) la voie royale vers le surnaturel (le spirituel dirons-nous plus volontiers) est " l'Art " : peindre, danser, chanter, jouer... Il faut, pour préserver ce monde instinctuel pourvoyeur d'énergie, rappeler sans cesse les mythes du Temps du Rêve, mais aussi rappeler la loi qui a été données au Hommes pour bien vivre.

Un mythe : "Kutunga travelling".

Walangkura Napanangka peint son "drealmng": Women ceremony, qui se réfère au "voyage de la géante Kuntunga.

« Tjintjintjin », est un site de cérémonie féminine à l'ouest de Kintore. On y danse, chante et peint les aventures de la géante ancestrale Kuntunga.

Il est dit, dans le mythe, que Kutunga, arrivant au site de Tjintjintjin, sut qu'elle était sur le territoire du serpent Python « Kunya », un autre personnage mythique. Elle creusa la terre, créant une grotte, le trouva et le tua. Puis elle le fit cuire et le mangea, avant de continuer sa route vers l'est. Sur son chemin elle trouva des fruits (représentés dans la toile par les petits cercles) et les collecta. A Muruntji, elle fut attaquée par un groupe de jeunes gens. Elle en tua la plupart, les fit cuire et les mangea avant de repartir vers Kaltarra où elle entra en terre pour y rester.

Les signes simples et polyvalents demandent à être explicités par le contexte  (chants et danses). Chaque grand cercle cercle représente une étape du voyage où s'est déroulé quelque événement créateur du relief (grottes, points d'eau...). Les petits cercles sont les fruits dont se nourrit l'héroïne. la forme oblongue rappelle que la cérémonie est féminine et que les seins des danseuses sont peints. Les lignes sur les côtés, sont les dunes parallèles qui caractérisent le désert central.

Aborigènes : Et voilà pourquoi ils peignent...

Walangkura Napurrula, du groupe Pintupi, est née vers 1945,  Elle nomadise avec son groupe familial  jusqu'à l'âge d'environ dix ans dans la région désertique qui s'étend entre Kintore et Putarti, au coeur du désert central.

A cette époque, dans les années cinquante, les tribus, chassées par les éleveurs de bétail et la grande sécheresse qui sévit dans le pays, se rapprochent des communautés sédentaires. Le groupe de Walangkura arrive à Haasts Bluff à Noël 1956.

Dix ans plus tard elle perd son père Rartji Tjapangati, et c'est le second mari de sa mère Inyuwa, Tutuma Tjapangati, qui l'élévera.

Quelques années plus tard, comme beaucoup de Pintupis, la famille revient s'installer à Kintore sur le territoire ancestral. La peinture acrylique sur toile prend son son essor à cette époque.
L'hiver 1994 marque le début de la carrière de peintre de Walangkura et elle expose dès 1996 pour Papunya Tula Artists.

Son style est plus contrôlé que celui de sa mère Inyuwa, mais aussi plus fort et énergique. Elle trouve son style  et influence alors toute la peinture féminine renforçant la tendance au dépouillement – strip style – de la peinture masculine.

Elle peint les thèmes de la région de Kintore et principalement Tjintjintjin, le Rêve de Kuntunga.

Elle épouse Johnny Yungut Tjupurrula et élève six enfants.

En 2000, elle danse pour l'ouverture des jeux olympique de Sydney.
En 2003 elle fait sa première exposition solo à Melbourne, puis une autre en 2004 à Sydney.
En 2005 elle remporte  le 1er prix Redlands Westpac Art Prize.
En 2007 elle fait partie de la liste : Art Collector's list of the 50 most collectable artists
Depuis 2010, Walangkura ne peint plus suite à des problèmes de vue.

Publié dans ART D'AUSTRALIE

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