« Dream » et « dreaming » sont-ils une seule et même chose ?

Publié le par Wanampi

On sait que les Aborigènes, lorsqu’ils s’expriment en anglais,  désignent le temps sacré par le vocable de « Dreaming » c’est-à-dire le « Rêvant ». Cela renvoie à un espace invisible, énergétique et créateur qui soutient le monde profane. Mais qu’en est-il du rêve nocturne ?

En fait les Aborigènes font une nette différence entre les deux, mais un lien puissant existe néanmoins. Dans les langues du désert de l’ouest, le mot Tjukurrpa est utilisé pour les deux mais on décrit l’acte de rêver endormi comme « Seeing dreaming » qu’on pourrait traduire par vision rêvée.

Pendant le rêve nocturne, l’esprit se déplace en dehors du corps et accède à une réalité qui n’est pas observable de façon sensorielle. Les faits observés peuvent être loin dans le temps ou dans l’espace. Le rêveur entre en contact avec des figures ancestrales du « Dreaming » (le temps sacré) qui peuvent alors leur communiquer des connaissances particulières (chants, danses, motifs, cérémonies). Ces éléments sont considérés comme des révélations de choses qui ont toujours existé mais dont les hommes n’avaient pas connaissance. Le rêve nocturne est l’expérience d’un monde parallèle à la vie quotidienne mais invisible à elle.

Peinture aborigène. Genevieve Loy Kemarre, Bush turkey dreaming
Genevieve Loy Kemarre, Bush turkey dreaming (Rêve de la dinde). Par ce travail très fin et méticuleux, qui crée une brillance, exécuté “ à la bouteille”, Geneviève traduit la vibration du territoire, signe du sacré. Elle représente aussi l'abondance des graines dont la “dinde sauvage”, ancêtre totémique, se nourrit. Un croisement subtil de lignes se fait au centre, matérialisant le « nid » de l’animal totem.

Le rêveur attache à son rêve nocturne une grande importance.  Mais est-elle à prendre en considération au niveau du groupe ?

Au réveil, il  n‘est pas rare que quelqu’un dise à son entourage : « J’ai vu quelque chose » et qu’il discute de ce que cela représente et signifie. La plupart du temps, le message n’apparaît pas comme essentiel à la communauté et il sera, comme chez nous, oublié. Mais dans les situations de danger, d’incertitude, de changement (et la colonisation en offre de nombreux et douloureux exemples) le rêve prend valeur de présage, de soutien, voire de remède.

On ne fait pas crédit au rêveur de cet apport, il  n‘est qu’un réceptacle d’un message du temps sacré, des puissances tutélaires, immuables et toujours susceptibles de venir en aide aux hommes dans la difficulté.

Peinture aborigène, Yam roots dreaming par Jeannie Mills Pwerl
Yam roots dreaming par Jeannie Mills Pwerl. ​ Jeannie a hérité de sa mère cette vision du motif "Yam roots" (Racines de yam).  Elle célèbre ainsi la plante que les femmes du désert honorent tout particulièrement et à la quelle elles sont liées spitituellement. Symbole de vie, d’énergie, de fécondité, le yam – une sorte de carotte sauvage – est la plante femme par excellence. Elle est précieuse comme nourriture mais aussi comme médecine et on utilise toutes ses parties : graine, feuilles, fleurs et racines. Elle est au centre des rituels féminins. ​

 

Racines de yam, plante merveilleuse !

Les deux oeuvres présentées ci-dessus (et d'autres) seront visibles à Lyon, chez l'encadreur du parc, 38 rue tête d'or, 69006, à partir du samedi 9 avril.

Publié dans ART D'AUSTRALIE

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article