Bambatu Napangardi : « Le temps des hommes est passé, c'est maintenant le temps des femmes ».

Publié le par Wanampi

Bambatu Napangardi 180x150cm. fera partie de l'exposition de Dijon (2 au 11 juin 2016)
Bambatu Napangardi 180x150cm. fera partie de l'exposition de Dijon (2 au 11 juin 2016)

Bambatu (ou Bombatu) est deux fois veuve. Née vers 1955, du côté de Kiwirkurra à 800 kms à l'ouest d'Alice Springs, comme son dernier époux Dini Campbell, elle était encore une fillette en 1964 lorsque sa famille rejoignit le camp de Papunya où sa mère mourut peu après.
Elle demeura alors avec ses frère et soeur Charlie Tjapangati et Nanyuma Napangati.
Elle épousa d'abord Lang Tjampijinpa dont elle eut deux fils. Lang mourut en 1976, c'est alors qu'elle épousa Dini, l'un des peintres fondateurs du mouvement. Elle s'initia à la peinture en le regardant et en collaborant pour le pointillisme des plus grandes toiles.
Lorsque Dini disparut en 2000 elle commença à peindre son propre motif dans le mois qui suivit.
Interrogée sur cette rapidité et ses motivations elle déclara: "Wati way finished, kungka way, now", (le temps des hommes est passé, c'est maintenant le temps des femmes).

On sait que la peinture aborigène a démarré en 1971 avec un groupe d'hommes uniquement, stimulés par l'enseignant Geoff Bardon.

Celui-ci, en tant qu'homme ne pouvait accéder qu'au « men business ». L'art aborigène apparut alors comme exclusivement masculin. On en déduisit hâtivement que les femmes n'avait pas une spiritualité suffisante pour nourrir une forme d'expression artistique. Il fallut attendre des anthropologues femmes et des éducatrices pour prendre conscience de l'existence du women business.

Il ne faut voir dans le commentaire de Bambatu aucune aigreur particulière car il n'y a pas, dans la mentalité aborigène, de fierté à peindre sur toile plutôt qu'en situation rituelle, et pas davantage à gagner une notoriété. Il faut le comprendre comme une prise de relais nécessaire, le désir de poursuivre le dialogue avec l'Occident par le biais de ces œuvres nourries de la culture aborigène mais destinées au marché de l'art.

D'une façon générale, dans l'Australie aborigène, les femmes prirent le relais des hommes à partir des année 90, au moment où les fondateurs commencèrent à disparaître. Elle apportèrent leur propre dreaming, leur women business, et leur propre style.

Le thème de Bombatu est spécifiquement féminin, ses toiles s'intitulent "Kungka Tjukurpa", c'est à dire "Histoires des femmes." Elles montrent un enchevêtrement le lignes droites qui s'entrecroisent, le plus souvent autour d'un cercle central, de façon à couvrir toute la toile. Ce puissant motif archétypal rappelle les innombrables chemins du Rêve, pistes chantées, qui parcourent la terre mais passent aussi sous la terre et dans le cosmos, véritable tissage de l'univers, initiées par les femmes ancestrales, et célébrées par leurs descendantes.

L'oeuvre présentée ici fera partie de l'exposition de Dijon en juin 2016

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Publié dans ART D'AUSTRALIE

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