Vision du territoire dans la peinture aborigène
On sait que, pour les Aborigènes, la notion de territoire condense tout ce qui est important : l’histoire de sa création, les personnages mythiques qui y sont liés (et dont les corps pétrifiés sont souvent encore visibles sous forme de montagnes, collines, roches…), les lignées d’ancêtres qui y ont vécu et dont l’esprit est présent, mais aussi le sujet lui-même qui fait corps avec sa terre. Rien d’étonnant, donc, à ce que la représentation (quasiment figurative) soit un motif fréquent de la peinture.
Cette vision n’est pas une simple représentation topographique mais le « signifiant » de tout ce qui compte pour l’artiste. Ce sont (presque) toujours des vues aériennes, comme celles d’oiseaux qui planeraient au-dessus. Elles n'ont donc ni haut ni bas. Viennent s’ajouter à cette topographie – mais pas toujours – des motifs à valeur spirituelle (sites sacrés, chemins du rêve, empreintes...)
Lorsqu’on survole l’Australie, on est frappé par l’intuition visuelle que les peintres ont de l'aspect de ce territoire vu du ciel. Et pour cela, ils n'ont pas attendu, évidemment, de monter dans un avion. Ces motifs essentiels, d'apparence abstraite, parlent à notre moderne goût pour l'épure.
En voici quelques exemples, au regard de photos satellites.
Le "tali" désigne un relief de dunes longilignes, une sorte d'ondulation, très fréquent dans le désert, c'est un motif omniprésent dans la peinture
"Puli" désigne des zones rocheuses. Souvent très érodées, elle apparaissent comme des quadrillages
Cercles à fond en réserve : petits lacs ronds avec leur cerne d'évaporation
Méandres des marécages salés dans les régions de lacs