Ronnie, Thomas, George et Charlie … histoires d’hommes
La peinture des hommes du désert, dans un large proportion, se réfère aux histoires Tingari. Le Tingari est un cycle mythique de très grande importance dans le désert de l’ouest.
Il relate les péripéties de héros voyageurs, hommes, femmes et novices, ancêtres créateurs du paysage, initiateurs de cérémonies et inventeurs de la Loi qui régit, aujourd’hui encore, les
sociétés indigènes d’Australie.
Ces histoires, secrètes entre toutes, sont révélées aux jeunes hommes en toute fin du cycle initiatique. Celui-ci se déroule par tranches à partir de 10 ou 12 ans et se poursuit jusqu’à l’age d’homme. Il est particulièrement éprouvant pour le garçon. C’est un aller-retour symbolique par le monde des Esprits. L’isolement, le sang, la peur, les pratiques extrêmement douloureuses comme la scarification ou la subincision, en font partie. C’est pourquoi les mythes Tingari sont frappés du secret absolu et la peinture qui s’y réfère est généralement sans commentaire de la part du peintre.
Revenu de ce détour dans l’au-delà, l’homme pleinement initié aura appris quel esprit ancestral l’anime et donne sens à son existence, il saura endiguer ses pulsions pour que la vie en société soit possible, il aura reçu, sous forme de vers chantés, l’épisode du mythe lié au segment de territoire qu’il lui incombe de célébrer, son corps aura été peint des motifs afférents, ceux-là me^me qu’il pourra décliner sur la toile s’il devient artiste.
Il pourra aussi participer aux très secrètes cérémonies masculines de fécondité et ainsi assumer sa part symbolique de paternité au sein de son clan.
Thomas Tjapaljarri
Barney Campbell
Charlie Tjapangati