Naata Nungurrayi, doyenne toujours active
Les yeux ne sont plus aussi sûrs mais la main conserve une belle énergie. Naata, après le décès de soeur bien aimée Nancy Ross, a connu une période d'inactivité dans sa communauté de Kintore. Quelques mois plus tard, de retour à Alice Springs, elle s'est remise à peindre et n'hésite pas à entreprendre des formats immenses, plans symboliques des lieux dont elle est gardienne.
Les deux toiles ci-dessous sont en quelque sorte des sections du territoire de Marrapinti.
Marapinti 151x46 cms, présentée à
Lyon
Naata, née vers 1932, est actuellement l'une des plus anciennes parmi la première génération de peintres, celle de Judy Watson et de Ningura napurrula, de Tommy Watson et de George Tjungurrayi.
C'est en 1962, comme la plupart des Pintupis, qu'elle arrive à Papunya amenée par une patrouille du Service social indigène. Elle
est alors âgée de 30 ans et n'a jamais vu d'hommes blancs.
Elle assiste à partir de 1971 à la naissance du mouvement de la peinture contemporaine du désert dit « de Papunya
Tula ».
Marapinti, 151x46 cms, présentée à Lyon
En 1982, les Pintupis regagnent leur territoire ancestral et connaissent un regain de spiritualité. L'activité des peintres s'intensifie. Les femmes
ne sont alors que des auxiliaires. On ne pense pas à cette époque qu'elles puissent avoir une spiritualité suffisante pour nourrir une créativité analogue à celle des hommes. Grossière erreur. A
partir des années 90, Naata et ses soeurs de Kintore et de Haast Bluff montrent la richesse de leur vie spirituelle et la force de leur peinture. L'exposition « Minyma tjukurpa » en 94
les consacre.
Naata est remarquée pour son style très personnel, puissant et coloré et devient l'une des leaders du mouvement du désert. Ses
thèmes sont ceux des très secrets mythes Tingari. Naata est une forte personnalité, sa peinture en témoigne. Du fait de son héritage, elle est l'une des rares femmes à peindre sur les thèmes
Tingari, traditionnellement masculins.
Elle s'inspire également des sites de cérémonies féminines, des peintures de corps utilisées dans le «
women's business» dont elle devient l'une des gardiennes les plus respectées.
En 2005 l'une de ses toiles atteint le prix record de 216K dollars chez Sotheby à Melbourne