Disparition d’un artiste majeur de l’art contemporain
Tommy Watson Yanima Pikarli, cet aîné Pitjantjatara, « Law man » du groupe de peau Karima, nous a quitté samedi dernier. Le critique d’art John McDonald écrivait en 2005 dans The Australian Way « Depuis son émergence en 2002, Tommy Watson est sans doute devenu le plus grand peintre vivant du désert occidental »
Né aux alentour de 1935, il n’avait commencé à peindre sur toile qu’en 2001 pour Irrunitju community Art center.
Orphelin de père et de mère il fut élevé dans son jeune âge par son oncle qui décéda lui aussi. Il fut alors confié à Nicodemus Watson, un cousin qui demeurait à la mission d’Ernabella et dont il ajouta le patronyme à son nom aborigène. La famille de Nicodemus, semi nomade, lui apprit tout ce qu’il devait savoir sur la manière de vivre dans le désert, tant sur le plan marériel ( fabrication des outils, eau, nourriture) que spirituel (Histoires ancestrales et accès à son dreaming).
Quand il fut en âge de travailler, il connut le destin des Aborigènes de sa génération et fut stockman (gardien du bétail) pour les missions ou les éleveurs occidentaux. Lors d’un passage à Papunya, il rencontra Geoffrey Bardon, l’homme qui facilita l’émergence de la peinture contemporaine aborigène.
En 2003, il fut l’un des huit artistes aborigènes (les autres étant Paddy Bedford, John Mawundjul, Ningura Napurrula, Lena Diagby, Michael Riley, Judy Watson et Gulumbu Yunupingu), qui conçurent la décoration de plafonds du Musée du quai Branly. Les fresques furent concrétisées en 2006 lors de l’ouverture du musée.
Au début de 2013, Watson vint vivre avec sa famille à Alice Springs. Il connut ensuite une période de déprime et de mauvaise santé et cessa un temps de peindre. Puis il reprit la peinture, plus talentueux que jamais, produisant de très grandes toiles qui donne leur force à son trait ample et puissant et à ses couleurs affirmées. Managé par Yanda Aboriginal Art à Alice Springs, promu par la galerie Piermarq à Sydney, il donna le meilleur de lui-même. Une œuvre, intitulée Ngayuku Ngura Anumara Piti, atteignit 500 000 $.
En 2014, une œuvre majeure de 160 x 485 cm fut exposée à la Foire européenne des beaux-arts (TEFAF). Il a peint, l’été dernier, ses dernières œuvres.