Science et mythes aborigènes, étonnantes convergences
La Finke River, dit-on, est la plus ancienne rivière du monde. Elle trace ses méandres à travers les Monts Mac Donnell.
Contrairement aux autres cours d'eau du centre de l'Australie, et bien qu'elle n'arrive jamais à la mer et se perde dans le désert Simpson, son lit n'est jamais totalement à sec, même au creux de la saison sèche.
La Finke crée, le long de son cours, des lieux idylliques bruissants d'oiseaux (Glen Ellen, Simpson Gap et d'autres ). Les Aborigènes dont elle traverse le territoire – Les Aranda et les Luritja – ont, à propos de ces lieux et de leur création, de nombreuses légendes.
L'une d'elles concerne une vallée encaissée qui a maintenu une étonnante végétation qu'on ne retrouve nulle part ailleurs en Australie. Le Livistona mariae y pousse. C'est un arbre élégant et le seul palmier indigène d'Australie.
La manière dont il est arrivé là préoccupait les scientifiques depuis de nombreuses années.
Le pasteur anthropologue et pionnier allemand Carl Strehlow, qui découvrit Palm Valley au milieu de l'aridité du désert en 1894 notait: «Voici de beaux palmiers de 40 à 50 pieds de hauteur, ici entourés de gommiers et d’acacias, et les herbes et les fleurs à leur base dégagent une odeur aiguë. L'ensemble du paysage rappelle un jardin botanique. "
Il note alors un mythe aranda qui décrit les ancêtres (les dieux, traduit le pasteur) venant du nord, portant les graines de palmiers jusqu'à Palm Valley .
Il y a quelques années, l'écologiste David Bowman de l'Universié de Tasmanie effectue des tests ADN sur des graines de palmier.
Les résultats l'amènent à conclure que les graines ont été transportées dans le désert central par l'homme il y a 30 000 ans. Les palmiers ont grandi dans l'Arctique au cours d’une brève période chaude il y a environ 50 millions d’années.
Le professeur Bowman découvre aussi les écrits de Carl Strehlow, récemment traduits de l'allemand. Il déclare alors : "Nous parlons d'une tradition verbale transmise de génération en génération pendant peut-être plus de 7000, voire 30 000 ans"
«C’est juste une coïncidence étonnante que nous ayons indépendamment conclu que les graines avaient été transportées et que nous découvrions ensuite une légende autochtone, c’est exactement ce que nous avons découvert scientifiquement.
"La concordance des résultats d'une étude scientifique et d'un mythe antique est un exemple frappant de la manière dont les connaissances écologiques traditionnelles peuvent informer et améliorer la recherche scientifique.
"Cela donne à penser que les traditions orales autochtones pourraient durer jusqu'à 30 000 ans et renforcerait l'idée que certains mythes autochtones relatifs à des animaux gigantesques pourraient constituer des traces authentiques de la mégafaune éteinte."
La recherche fut publiée dans le magazine Nature.
Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres de phénomènes racontés dans les enseignements aborigènes. On peut citer les supernovae qui ont créé des étoiles brillantes temporaires, sources de nombreux mythes sur de la voie lactée, ou encore les impacts de météorites qui expliquent les cratères modernes.
Les Aborigènes ont su bien avant nous que la montagne ronde de Goss Bluff était due à la chute d'un corps astral (Mythe de la femme étoile qui laissa tomber sur la terre son enfant et le pitchi où il dormait).
On trouve aussi dans les mythes la présence d’étranges animaux géants qui sont probablement le souvenir mythifié d'une faune éteinte.