"Deux voies, deux lois" ou la sagesse ancestrale des Aborigènes
"Two Laws" de Rusty Peters,
pigments naturels sur lin
du Kimberley (Warmun / Turkey Creek) vendu
Le "Two ways, two laws" (2 voies, 2 lois) est le compromis soufflé par les esprits ancestraux aux Aborigènes pour rendre supportable l'irruption dans leur monde de la société occidentale dominante et matérialiste. Rusty Peters en est l'un des interprètes.
Il est actuellement l'un des peintres les plus agés de Turkey Creek/ Kununurra De ce fait, il porte, plus qu'un autre, la mémoire des exactions pérpétrées contre son peuple dans le Kimberley. Dans son itinéraire de peintre il a commencé, comme son maître Rover Thomas, par représenter les massacres impunis du Kimberley. Puis une nuit, en rêve, son grand père lui souffla un rituel de "pardon", qu'il appelle le "Water brain". Ce "water brain" sera son second thème de peinture. Apaisé, son troisième thème sera le "2 ways 2 laws" qui indique une acceptation de la loi des Blancs sans pour autant renoncer à la Loi des Ancêtres, bien le plus précieux des Aborigènes.
Cette peinture intitulée Two Laws en est un bel exemple. Métaphore du destin de 2 peuples désormais condamnés à vivre ensemble, elle évoque, de façon décalée comme toujours chez les Aborigènes, le mythe de 2 jeunes garçons élevés ensemble mais de clans différents. Leurs destins divergent mais leur amitié demeure.
Le visage façonné par les dures conditions du Kimberley et par la vie elle-même, Rusty fut longtemps stockman (cow-boy) comme beaucoup d'Aborigènes. Il ne commença à peindre sérieusement que vers l'âge de 60 ans en compagnie des plus grands : Freddie Timms et Paddy Bedford. Son humour froid et son style désinvolte sont légendaires
Rusty est né en 1935 dans le Kimberley, la région nord ouest de l'Autralie. Il grandit et devient stockman sur le territoire de la station d'élevage Springvale qui est le thème de plusieurs de ses peintures. Après la mort accidentelle de son père, il vient vivre à Turkey Creek (appelé aujourd'hui Warmun) où il est pris en main par les aînés Kidjas (son ethnie) comme tout jeune garçon doit l'être. Il travaille alors avec Hector Jandany, George Mung Mung, Jack Britten, ceux que l'on nommera bientôt "la première génération des artistes de l'Ocre", tous disparus aujourd'hui
(http://www.peintureaborigenedaustralie.com/article-13314976.html).
En 1989, il s'installe à Kununurra et assiste Rover Thomas l'initiateur du mouvement dit "de Turkey Creek"
((http://www.peintureaborigenedaustralie.com/article-13292287.html).