Le motif aborigène, puissance de la métonymie.
détail de "Cérémonie de femmes "
Ce symbole (forme en U centrale) réprésente, dans l'iconographie du désert, un personnage, en l'occurence une femme puisque nous sommes dans le "women business". Est-ce une Grande Ancêtre, personnage mythique dont on doit actualiser les actes, où femme de chair qui répète les gestes fondateurs et honore ainsi le site créé au Temps du Rêve ? Les deux sans doute.
Le fait que le motif soit surligné plusieurs fois indique que le corps est peint, magnifié, pour accéder au sacré. L'effet cinétique est recherché et le motif présentifie l'esprit de l'Ancêtre, met en contact avec l'espace-temps du Rêve.
La répétition donne de la force, et ce simple signe, sur fond de tressage (symbole multivalent qui renvoie aux ceintures de cheveux portées rituellement et également au "tressage" d'une société basée sur la complémentarité et non sur la hièrarchie), est un signifiant qui emmène très loin le peintre mais aussi celui dont le corps est peint et également celui qui regarde pour peu qu'il soit instruit de l'appartenance clanique du peintre et du sens métaphorique des symboles.
Ici la partie représente le tout, c'est à dire le site sacré, l'itinéraire ancestral dont il fait partie, les Ancêtres qui l'ont chanté et créé, le clan auquel le peintre appartient, les espèces végétales ou animales qui portent le même nom clanique. Il est donc très fortement chargé émotionnellement.
Il y a chez les Aborigènes une conscience innée de l'appartenance à une lignée évolutive qui va de la matière cosmique à l'être complexe que nous sommes.
Si j'osais, je dirais que les Aborigènes n'ont pas attendu Hubert Reeves pour savoir que nous sommes "Poussière d'étoile", ni Darwin pour ressentir notre cousinage avec les animaux.
"Cérémonie des femmes" de Tjawina Porter Nampinjimpa
Langue / Groupe tribal : Ngaatjatjarra / Pintupi-Luritja