Johnny Warangkula Tjupurrula, une vie aborigène...

Publié le par Wanampi

Johnny Warangkula Tjupurrula, une vie aborigène...

 

  Johnny Warangkula vécut plus de quatre-vingts ans. Sa vie est  une page de l'histoire de l'Australie. Elle est représentative, dans ses différentes étapes et rencontres, de celles de nombreux Aborigènes, nés et instruits au désert, puis découvrant, souvent à leur corps défendant, la société et les contraintes occidentales.   Ce furent des aventures étonnantes que ces "sauts quantiques" de dix-mille ans en l'espace de quelques années. A la suite de ce choc, un certain nombre de ces hommes et femmes livrèrent au monde de l'art des oeuvres puissantes inspirées de leur inépuisable dreaming. 

 

  Johnny est né vers 1918 en territoire pintupi, à Ilpilli, le pays du Rêve kangourou. Enfant et adolescent, il menait la vie traditionnelle sans rien connaitre de l'existence du monde occidental.

  Plus tard il racontera avec animation sa première vision des Blancs sous la forme d'un avion que sa tribu et lui prirent pour un « mamu », un diable. C'était vers 1930 et l'avion faisait partie de l'expédition de Lewis Lasseter, le "découvreur" de la région d'Uluru / Kata Tjuta, dont la route d'accès porte aujourd'hui le nom.

   Un peu plus tard, du haut d'une colline ils virent des chameaux et leurs chameliers, les prirent à nouveau pour des « mamus » et en eurent grande frayeur.

  En 1932, Johnny rencontra une autre expédition, l' « Adelaide university expedition » puis le Pasteur Albreicht, fondateur de la communauté luthérienne d'Hermanburg. Johnny goûta avec délice la farine et la mélasse et fut impressionné par l'abondance de nourriture et d'eau disponibles à Hermansburg.

     Sa famille et lui se fixèrent à Hermansburg, poussés par l'avancée des éleveurs de bétail dans le désert. Johnny travailla à construire le terrain d'aviation. Dans les années qui suivirent, il accèda à l'âge d'homme à travers les différentes phases de l'initiation masculine. Puis il partit à Haasts Bluff pour travailler à un autre aérodrome et à construire des routes. Pour tout cela il ne reçut pendant des années aucun salaire mais seulement des rations alimentaires : farine, thé, tabac, sucre et légumes frais. Au milieu des années 50 il suivit la construction de la route vers le territoire Warlpiri :Mt Liebig, Yuendumu.

  En 1954, il fut choisi en compagnie de Nosepeg Tjupurrula, autre figure légendaire du désert, pour rencontrer la reine Elisabeth en visite officielle dans le Queensland.

  En 1971, Johnny travaillait à la briquerie de Papunya lorsque Geoffrey Bardon y fut nommé comme enseignant. Lorsque le mouvement de la peinture démarra, il fut l'un des premiers à participer et à bénéficier du meilleur matériel.

  Le style de Johnny de cette époque est typique des fondateurs du mouvement, simplifiant l'iconographie et adoptant la vision artistique qui les fit connaître à travers le monde. Il utilisa généreusement le pointillisme de "floutage", superposant plusieurs motifs.

  En 1978, une très grande toile intitulée « Tingari at Tjikarri » fut acquise par la collection Araluen d'Alice Springs et il devint au cours des années 80 une figure majeure du mouvement.

  Après une interruption de 7 ans, il revint à la peinture en 96 soutenu par divers collectionneurs et développa un style expressionniste brut dont fait partie la toile ci-dessus

  En 1997 une toile de ses débuts atteignit le prix de 200 000 dollars lors d'une vente aux enchères. A un journaliste qui déplorait que pas un centime de cet argent ne lui revienne, il répondit «  Save your pity for those who have no Dreaming » (Gardez votre pitié pour ceux qui n'ont pas le « Rêve »). En 2000 cette même toile fut revendue 440 000 dollars. Johnny déclara seulement qu'il était content d'être reconnu pour ce qu'il était et ce qu'il avait fait.

  Il passa la dernière partie de sa vie à Papunya avec sa 2ème femme Gladys Napanangka et s'éteignit en 2001.

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Merci d'avance.

Deux hommes sages s'affrontèrent...

Dans le temps du Rêve, deux sorciers, hommes de grande connaissance, jaloux de leur puissance réciproque s'affrontèrent dans le bush par des manoeuvres magiques...

Qu'en résulta t-il ?

Ils étaient de puissance analogue et le combat n'en finissait pas. De dépit, ils mirent le feu au bush et périrent tous les deux.

Cette toile de Johnny, de la dernière partie de sa vie, est peinte à la manière dont les Aborigènes accompagnent leurs narrations en dessinant dans le sable.

La sorcellerie est représentée par les cercles, le rouge est l'incendie, le bleu la fumée, l'ocre jaune le spinifex.

Au milieu de tout cela ne restent des deux "sages" que leurs ossements, leurs boomerangs et leurs lances.

Johnny Warangkula Tjupurrula, une vie aborigène...

Publié dans ART D'AUSTRALIE

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