Peindre sa terre avec la terre : ocres du Kimberley
Née en 1974, la peinture à l’ocre naturelle sur panneaux de bois puis sur toile est née de la brutalité de la colonisation. Les lieux de tueries et de déportation ne devaient pas être oubliés en dépit de la désorganisation des tribus aborigènes occasionnée par les déplacements de populations et le travail forcé dans l’industrie perlière et l’élevage extensif. Les panneaux représentant en vue aérienne ces sites devaient être portés sur les épaules à l’occasion de cérémonies rappelant les faits. Ainsi est née l’école de l’ocre.
Dans la région de Kununurra eut lieu d’autres affronts à la terre : l’exploitation d’une mine de diamants roses et l’immersion de nombreux sites sacrés sous les
eaux du lac artificiel Argyle. Celui-ci fut créé pour permettre la culture de l’ananas, ce qui ne fut jamais réalisé. Le lac est aujourd’hui une belle réserve de vie animale et de villégiature mais pour les Aborigènes, les sites qui célébraient la terre et les ancêtres furent perdus à jamais... Mais pas totalement puisque les œuvres en ocres gardent la mémoire et honorent ces lieux qui ne sont plus accessibles, usant de la matière terre elle-même.