Feuilles médicinales du bush, la fusion rituel-remède

Publié le par Wanampi

Art aborigène, Bush medicine
Bush medicine par Rachel Nambula, 90x80 cm

La collecte des feuilles médicinales a toujours été une part importante de la vie, de la culture et même de la spiritualité aborigènes. Elle fait partie, en particulier, des activités secrètes du « Women’s business », c’est-à-dire les affaires de femmes, savoir ancestral, appelé « Awelye »,  qui associe des rituels de guérison et des préparations à base de plantes.

L'Australie regorge de plantes aromatiques endémiques qui produisent des niveaux élevés d'huile essentielle. Même si les Autochtones ne disposaient pas de la technologie nécessaire pour extraire les huiles essentielles par hydro distillation, ils utilisaient leurs  propriétés. Les plantes étaient collectées et conservées pour leur usage médicinal et administrées de diverses façons.

Bouillies puis mélangées à de la graisse d’émeu, de kangourou ou de plus petits animaux comme le wombat. On obtient alors, après malaxage, une pâte qui peut se conserver des mois. Appliquée en emplâtre ou massage sur la peau, elle soigne une multitude d’affections telles que les morsures d’animaux venimeux (Ipomée), les infections cutanées (Emu bush, antibiotique), les démangeaisons (Ficus et passiflore).

Infusées et bues. Ces tisanes guérissent les maux de tête (Vigne serpent Tinospora smilacina, anti inflammatoire), la toux, la fièvre (Eucalyptus), les diarrhées, les hématomes, les maux de dents, infections bactériennes ou fongiques  (Emu bush Eremophila splendens ou Melaleuca alternifolia ), enflure (Pommier kangourou Solanum laciniatum) etc…

En fumigations. Les feuilles (E. longifolia, Emu bush ) en particulier étaient placées sur des braises chaudes pour un usage thérapeutique traditionnel. La fumée humide et vaporeuse qui en résulte a probablement inhibé les agents pathogènes bactériens ou fongiques. Le Gumby gumby (Pittosporum angustifolium) en fumigation soigne  la toux, le rhume et l'eczéma, et en compresse, favorise la lactation des mamans.

Mâchées. Des variétés de tabacs sauvages, sont utilisés transformés en boule, comme relaxants gastriques antispasmodiques (Duboisia). A ne pas confondre avec le  « pituri », mélangé à l’écorce de gommier blanc, relaxant,  mâché selon les besoins pour la nicotine (comme une sorte de tabac naturel) et placé derrière l’oreille lorsqu’il n’est pas utilisé.

Plus huit-cents substances végétales voire, animales, sont répertoriées. Rien d’étonnant, dès lors, que les femmes aborigènes glorifient ces feuillages dans leur peintures comme elles le font dans leurs rituels du Women’s business ?

Janet Gloder Kngwarreye, Bush medicine, 60x40 cm

 

Publié dans ART D'AUSTRALIE

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article