L'Araluen Center à Alice Springs : 30 ans d'histoire...

Publié le par Wanampi

Par Anthony Gribble

Exhibition Officer, Araluen Center (link), Alice Springs

Il est bon de rappeler que le mouvement artistique indigène a commencé humblement. Les premiers travaux de Papunya étaient souvent exécutés sur une grossière toile de jute anti pluie et présentés à un public qui ne comprenait pas grand chose aux cultures indigènes.

En 2008 nous voyons le travail de plusieurs artistes indigènes reproduit sur les immenses plafonds d'un des plus grands musées européens, le musée du quai Branly, salué par public international. Il s'agit d' un mouvement qui ne peut plus être ignoré, qui, maintenant, voyage dans tous les coins du globe et qui est d'une grande vitalité.


Dans les années 60 l'héritage d'Albert Namatjira était à son zénith, l'Australien moyen arborait fièrement dans son salon une reproduction de l'une de ses aquarelles (voir Les aquarelles du désert ). Au fil des générations et par le catalyseur du mouvement de la peinture du désert de l'ouest né à Papunya dans les années 70, les peintres du désert devinrent des artistes accomplis. L'expression de ces groupes de langages si différents, ainsi que les stupéfiants artistes indigènes "urbains", nous donnent la pleine mesure de la valeur des cultures indigènes.


Tableau pyrogravé et peint, bouclier gravé et "piti" (récipent) pyrogravé de "walkas"(images)

Dans les années 80, pour l'intrépide touriste qui passait par Alice Spring ou Uluru, la culture indigène était représentée par des bois gravés, outils traditionnels, lances ou formes animales diverses. Qui aurait pu penser qu'une activité artistique importante se développerait, mais aussi que le public prendrait conscience que la riche culture aborigène lui était accessible ?


Un ancien très respecté me décrivit comment, ayant installé sa vieille tente kaki au pied d'Uluru, il proposait aux touristes en recherche de souvenirs, des bois gravés ornés des motifs pyrogravés que l'on appelle "walkas" . C'était alors une pratique commune d'enduire les gravures de graisse animale pour faire ressortir les nervures colorées du bois mulga. Il évoqua une anecdote à laquelle se trouva mêlé son dingo familier juste après qu'il eut "déjeuné" de la queue de l'une de ces sculptures de lézard bien "beurrée". Alors qu'il grondait le chien, un touriste avide se précipita pour acquérir ce bois gravé parce que son origine se trouvait authentifiée par les coups de dents d'un vrai dingo!


L'exposition Desert Mob est aujourd'hui reconnue comme l'un des évènements les plus importants du calendrier artistique en Australie. Elle offre l'opportunité d'accéder aux oeuvres directement des centres d'art indigènes en garantissant leur authenticité.

L'importance de réunir ces communautés en un grand évènement est avérée par la qualité et la diversité croissantes des oeuvres présentées. L'intérêt de Desert Mob est à présent reconnu internationalement et le centre Araluen Arts comme une référence pour ce rendez-vous annuel.


En 2009 l'Araluen Center (link) étendra l'exposition actuelle qui réunit des oeuvres d'Albert Namatjira, de ses descendants et des contemporains ainsi que les premiers travaux de Papunya, à une exposition permanente d'art indigène, retraçant le développement du mouvement en Australie centrale depuis les débuts jusqu'à nos jours. Y figureront beaucoup d'oeuvres acquises par l'Araluen Center à l'occasion des Desert Mob passées. Cela en soi constituera un survol historique de l'activité de Desert Mob depuis son lancement en 1991


L'exposition modèle a fait du chemin depuis la modeste toile de jute anti pluie ou la tente kaki des premiers jours, mais on peut toujours se procurer une objet marqué de quelques coups de dents de vrai dingo.


Anthony Gribble
, Exhibition Officer

Préface au catalogue de l'exposition Desert Mob d'octobre 2008

Araluen Center, Alice Springs, Northern Territory

Traduction : Wanampi

 

 

 

Publié dans ART D'AUSTRALIE

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article