Que raconte une peinture aborigène ?
Emergence de l’eau à Walukurritje
par Linda Siddick Napaljarri (ou Tjunkiya Wuluka Napaljarri)
Le peuple Emeu, créatures ancestrales, étaient effondré sur le sol auprès du rocher de Walukurritje, dans le désert Gibson, tout près du lac Mc Kay.
Ils étaient presque morts de soif et pleuraient « De l’eau de l’eau, nous voulons boire ! »
Les Tingari, spirits créateurs qui parcourent la terre et ont créé les formes du relief (montagnes, landes, rochers) et les sites sacrés, entendirent les plaintes du peuple Emeu.
Un homme Tingari lança son javelot vers le ciel et perça un nuage.
La pluie tomba remplissant un trou du rocher de Walukurritje. Et cela ne s’arrêta plus.
Le rocher est aujourd’hui une ressource d’eau potable pour le peuple pintupi dans le désert Gibson et ce, depuis quinze mille ans.
Biographie de Linda Siddick
Linda, de son vrai nom Tjunkiya Wuluka Napaljarri est née près du lac Mac Kay vers 1932 dans le désert Gibson. Elle fut un personnage haut en couleur et un peintre renommé. Sa vie mouvementée illustre les soubressauts de cette période charnière où les tribus du désert de l'ouest ont été percutées par l'occident, sédentarisées, déplacées et où les unions intercommunautaires se sont multipliées avec des effets souvent heureux comme dans le cas de Linda.
Son père, Rintje Tjungurrayi était pitjantjatjarra et sa mère Wanda Nangala, pintupi. Rintje fut tué par un coup de lance dans un raid de vengeance. Linda était alors un petite fille, elle fut élevée par son beau-père, Shorty Lungkata Tjungurrayi qui fut l'un des premiers peintres du mouvement contemporain dans les années 70.
La famille de Linda quitta le désert au milieu des années 40 et trouva refuge dans une mission luthérienne à Haasts Bluff où Linda fut éduquée.
Elle se maria plusieurs fois. Son premier mari était un Aborigène, Tommy Wilpinta. Veuve de bonne heure, elle épousa Musty Siddick dont le père était l'un des chameliers amenés par les anglais depuis le nord de l'Inde pour convoyer les denrées et matériaux à travers un désert si torride que les chevaux n'y survivaient pas. Linda gardera toujours son nom bien qu'elle se soit remariée plusieurs fois par la suite. Elle fut enfin l'épouse pendant 25 ans d'un anglo-australien bon teint, conquis par la vie du bush et trés admiratif de Linda. C'est lui qui rédigea des commentaires de ses oeuvres et sa biographie.
Linda apprit à peindre avec Shorty, son beau-père qui l'encouragea dans cette voie. Elle fut également guidée par Nosepeg Tjupurrula et Uta Uta Tjangala, deux figures légendaires du désert.
Linda développa très vite son propre style combinant sa connaissance tribale avec le christianisme, qui est, pour elle, une belle page ajoutée au grand livre du Temps du Rêve.
Au début des années 90 elle découvrit le fim E.T. qui l'impressionna fortement. Elle le visionna plus de vingt fois et vit dans ce personnage un esprit ancestral venu du ciel qui, comme les héros du temps du Rêve, et comme Jésus lui-même, visite la terre, interagit avec les humains, puis retourne dans le monde sacré.
Linda peint le mythe des voyageurs Tingari autour du lac Mckay, le Rêve émeu qui vient de son père et le Rêve serpent qui vient de sa mère, elle mêle les motifs mythologiques, chrétens et les évènements de la vie dans le désert. Linda est décédée en juillet 2021.
Sa notoriété est grande en Australie, elle est présente dans tous les musées nationaux :
National gallery of Australia
Art gallery of South Australia
Museum and Art gallery of Nortrhern territory
Araluen Center
Art Gallery of New South Wales
Bernt museum of anthropology
Voir des oeuvres aborigènes à Tournon-sur Rhône en Mars 2022 !
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