Katjarra Buttler, peintre affranchie

S'affranchir du pointillisme pour gagner en puissance et en lâcher-prise, tel est souvent le chemin emprunté par les peintres aborigènes parvenus à un âge respectable. Rappelons que seul le motif est sacré, le pointillisme, quand il existe, est là pour rendre l'image vibrante et marquer la sacralité.

La peinture ici évoque les trous d'eau de Warlukantjina, situés à l'ouest de Pollock Hills. Les grands cercles concentriques représentent la puissance des sources d'eau potable qui jaillissent grâce au serpent Kunya (Le python, pacifique). Les petits cercles sont les ressources alimentaires végétales (baies, racines) que l'eau fait surgir. Ces nourritures (mai), collectées par les femmes, poussent à l'ombre des escarpements rocheux appelés Puli. Les lignes parallèles montrent les longues dunes qui courent d'est en ouest à travers le désert.

Les dominantes jaunes, constantes dans les toiles de Katjarra, rappellent qu'elle est née sur le site de l'Ocre jaune (Kuun).

Le style rude et direct de Katjarra traduit l'âpreté du désert mais aussi son énergie native.

L'artiste

De langage / groupe Ngaanyatjarra,Katjarra est née vers 1946 près de Tjukurla en Australie de l'Ouest. Elle grandit dans le bush parmi son groupe familial. Jusqu'en 1966, elle mena la vie nomade, connut les coutumes, l'enseignement et la nourriture qui avaient été celles de son peuple depuis des milliers d'années.

En 1966, la famille, comme beaucoup d'autres Aborigènes du centre, furt emmenée en camion dans un des centres de sédentarisation dans le cadre d'une politique d'assimilation. Ce centre était Papunya, là où devait éclore, quelques années plus tard, le grand mouvement de la peinture aborigène contemporaine.

Katjarra était alors la seconde épouse d'Anatjari Tjakamarra - qui deviendra l'un des premiers fondateurs de la coopérative Papunya Tula artists en 1971 - la première épouse étant, selon la coutume, sa sœur aînée, Nguya. 

Le lieu de naissance de Katjarra est un site appelé Kuun qui restera pour elle le lieu le plus important et un sujet fréquent de sa peinture. Kuun est le mot qui désigne l'ocre jaune, substance importante dans les rituels. C'est aussi le site du rêve des deux serpents python (kunya dreaming).

Katjarra peint également Marapinti, qui désigne le lieu (et le rituel) où l'on perce la cloison nasale durant les initiations

Son travail a été récompensé en 2016 par le premier prix du Wyndham Art Prize